Prairie à Molinia sur sols calcaires tourbeux ou argilo-limoneux (6410) :

La prairie humide calcaire à Molinie bleue (Molinia caerulea) est un habitat agro-pastoral présent en limite de tourbière, c’est l’un des habitats cibles les moins humides. Ce type de prairie humide maigre est dominé par la Molinie bleue, à laquelle peuvent s’ajouter nombre d’espèces en particulier en fonction du type de sol et de son humidité. C’est pourquoi beaucoup de variations de cet habitat sont décrites.

Même si la prairie humide calcaire à Molinie bleue a tendance à se développer dans les tourbières asséchées aux dépens d’habitats plus tourbeux, elle est en forte régression à l’échelle européenne, notamment en France et en Belgique. Les prairies humides ayant été fortement touchées par des changements de pratiques agricoles : soit par la déprise agricole (abandon de l’élevage extensif et de la fauche pour le foin), soit par l’intensification des pratiques (drainage, engrais, etc.), ou par des changements de vocations (peupleraie, cabanisation).

Le maintien de cet habitat est conditionné par son utilisation agropastorale qui permet de conserver ce type de milieu ouvert, tout en maintenant des pratiques extensives sans les drainer ou les fertiliser.

Marais calcaires à Cladium mariscus et espèces du Caricion davallianae (7210*) :

Le Marisque (Cladium mariscus) forme un type de végétation morphologiquement remarquable par sa densité et son caractère presque impénétrable. Le marais calcaire à Marisque, aussi appelé « cladiaie », se présente sous forme de nappes denses oscillant autour d’1,5 m de hauteur. Les quelques espèces compagnes réparties de manière éparse apportent une variabilité significative à l’habitat.

Cette végétation peut se développer autour des pièces d’eau ou alors en mosaïque avec les végétations de tourbières basses alcalines. Le Marisque semble supporter les fortes variations interannuelles de niveau d’eau et possède une forte capacité de colonisation par voie végétative (rhizomes traçants).

Malgré son caractère uniforme, cet habitat présente de forts enjeux pour la faune. Son épaisse litière est le lieu de vie de beaucoup d’insectes et mollusques comme le Vertigo étroit (Vertigo angustior). Les secteurs les moins denses avec la présence d’une lame d’eau sont le terrain de chasse d’une des plus grandes araignées métropolitaines : Dolomedes plantarius. Quelques oiseaux font également leur nid dans les cladiaies comme la Locustelle luscinioïde (Locustella luscinioides) et le Busard des roseaux (Circus aeruginosus).

Tourbières basses alcalines (7230) :

La tourbière basse alcaline est le centre de la tourbière où le sol est constamment gorgé d’eau et où la tourbe peut se former. Le cortège de plantes comprend les espèces les plus menacées présentes en tourbière. Les principales espèces sont le Jonc subnoduleux (Juncus subnodulosus), le Choin noirâtre (Schoenus nigricans) et beaucoup de petites laîches comme la Laîche écailleuse (Carex lépidocarpa), la Laîche blonde (Carex hostiana), ainsi que des mousses rares comme la Scorpidie verdâtre (Scorpidium cossoni).

Cet habitat s’exprime aussi sous une autre forme de végétation qui dévie de la forme typique par sa morphologie et sa composition floristique. Contrairement à la première, ces « bas-marais à hautes herbes » sont dominés par le Roseau (Phragmites australis), la Fougère des marais (Thelypteris palustris) ou encore le Peucédan des marais (Thysselinum palustre). Cette végétation se développe sur des sols plus riches que la première. Les deux formes peuvent abriter le Liparis de Loesel (Liparis loeselii), une orchidée rare et en forte régression en Europe.

La conservation de cet habitat repose principalement sur le maintien de la qualité d’eau et des niveaux d’eau permettant à la nappe d’affleurer sous le niveau du sol.

Tourbières boisées (91D0*) :

Les tourbières boisées sont rares dans les Hauts-de-France et en Wallonie. Leur installation nécessite des conditions particulières, notamment une eau pauvre en calcaire et en nutriments. Contrairement à d’autres boisements qui font suite à un assèchement de la tourbière, cet habitat requière une bonne alimentation en eau avec un engorgement quasi-permanent.

Sur les sites du LIFE, l’habitat se présente sous la forme d’une Aulnaie-bétulaie à sphaignes. Comme son nom l’indique les espèces caractéristiques sont l’Aulne glutineux (Alnus glutinosa), le Bouleau pubescent (Betula pubescens), les mousses du genre Sphagnum et de nombreuses espèces de fougères.

Cet habitat est destiné à rester en libre évolution, son intérêt résidant dans son vieillissement et le maintien des niveaux d’eau.

Forêts alluviales à Alnus glutinosa et Fraxinus excelsior (Alno-Padion, Alnion incanae, Salicion albae) (91E0*) :

L’Aulnaie-frênaie alluviale à hautes herbes, n’est pas à proprement parler un habitat de tourbière. C’est un habitat qui se retrouve en berge de cours d’eau et en plaines alluviales sur des sols minéraux plus aérés que ceux des tourbières. Mais une variation sur sols organiques à tourbeux est présente dans les tourbières des vallées alluviales. Ce sont des boisements qui se forment en périphérie des tourbières actives et qui présentent un intérêt écologique indéniable.

Les boisements les plus importants du point de vue écologique sont ceux qui sont inondés une bonne partie de l’année. La croissance et le vieillissement des arbres sont limités par l’eau, ce qui forme rapidement une forêt mâture peu dense où les arbres tombés permettent une réouverture du milieu. Dans ces clairières nouvellement formées, des espèces de tourbières et de marais ouverts peuvent apparaître. Ces plantes de milieux ouverts peuvent ainsi perdurer avec le boisement.

L’arbre structurant de ces forêts est principalement l’Aulne glutineux (Alnus glutinosa), accompagné du Frêne élevé (Fraxinus excelsior) et, plus rarement, de l’Orme lisse (Ulmus laevis) et du Cerisier à grappes (Prunus padus).

Comme les tourbières boisées, l’importance de l’aulnaie-frênaie réside dans le maintien des niveaux d’eau et dans son vieillissement, c’est pourquoi ces milieux ont vocation à être laissés en libre évolution.