Le site regroupe de manière cohérente les prairies, les boisements et les zones humides situées dans cette région de Moyenne Semois. Parmi les éléments les plus significatifs, nous noterons les anciens bras morts de la rivière, devenus des plans d'eau remarquables, de très beaux ensembles de prairies maigres de fauche et de prairies maigres oligotrophes, des fragments de bas-marais alcalins, des mégaphorbiaies, des chênaies climaciques sur marnes et divers autres boisements d'intérêts communautaires. Le site comprend notamment des réserves naturelles emblématiques comme la Plate-dessous-les-Monts, des Abattis et de l'Etang de L'Illé.
Ce site comprend le chapelet des marais de la Haute Semois qui, de Stockem à Chantemelle, forme le plus important ensemble de bas-marais alcalins de Wallonie. Les marais de la Haute-Semois forment une zone humide où se mélangent les différents faciès de bas-marais : zones dégradées sous la forme de roselières sèches, aulnaies marécageuses à alluviales, boulaies tourbeuses, mégaphorbiaies, tourbières de transition, alcalines et tremblantes, jonchaies, magnocariçaies et prairies humides.
Le reste du site est occupé par le massif forestier de la Cuesta Sinémurienne, avec une importante hêtraie acidophile à neutrophile (Bois du Beynert), ainsi que des prairies permanentes sur marne parsemées par un important réseau de mardelles formant des plans d'eau de grande qualité biologique. Enfin, le front de la Cuesta Sinémurienne abrite des lambeaux de pelouses sur sables calcaires.
Le site comprend de nombreuses réserves naturelles : les marais de Heinsch, de Fouches, de Villers- Tortrue, de Vance, de Sampont et de Chantemelle.
La vallée de la Semois qui englobe ces deux sites Natura 2000 se situe à l’extrême nord du Bassin Parisien, terrains secondaires datant du Jurassique et faisant partie de la Lorraine Belge. L’assise géologique directement au contact de l’Ardenne, l’Hettangien, est composé essentiellement de marnes. Celle-ci forme une vaste dépression où coule la Semois. Ces marnes donnent des sols argileux lourds, froids, imperméables avec une occupation agricole essentiellement prairiale. La nature des sols et les fréquentes inondations de la Semois, qui peut sortir de son lit sur plusieurs centaines de mètres de large, expliquent un usage agricole, passé et actuel, extensif de cette zone. Cet usage est à l’origine du très grand intérêt biologique des milieux prairiaux (6410 et 6510), là où aucun engrais ni amendement n’a jamais été apporté et là où les marnes sont superficielles.
Suite à l’importante dynamique alluviale, mais avec un régime de crues hivernales permettant une occupation agricole, il n’y a que peu de forêts alluviales. En revanche, des surfaces significatives de mégaphorbiaies (6430) s’y développent, le plus souvent suite à l’abandon des prairies humides.
La vallée de la Semois présente la particularité de renfermer le plus important ensemble de bas-marais alcalins (7230) au sein de la zone continentale pour la Belgique. Ces bas-marais se forment au contact de l’assise de marne de l’Hettangien, imperméable, et des sables de la Cuesta Sinémurienne, au sud de cette dernière. Les sables du Sinémurien étant calcaires, les précipitations qui s’y infiltrent deviennent alcalines. Arrivées au contact des marnes, ces eaux suintent sous forme de sources au pied de la cuesta, formant en haute et moyenne Semois des bas-marais alcalins sur une dizaine à plusieurs centaines d’hectares selon les sites. L’occupation agricole historique a par le passé maintenu ces milieux ouverts. Ces zones de marais étaient morcelées et fauchées manuellement pour fournir du fourrage et paillage aux bêtes.
Sur ce site Natura 2000, 16 habitats d’intérêt européen sont présents recouvrant une surface totale de 1 085 ha sur les 4 185 ha que couvre le périmètre (soit 26 % du site). Parmi les 6 habitats ciblés par le LIFE Anthropofens, 5 sont présents sur le site couvrant une surface de 73,1 ha soit 2 % du site :
La zone du projet est particulièrement remarquable pour son ensemble de prairies et zones humides. Les marais de la Haute-Semois forment une zone humide d'importance nationale où se retrouve la plus importante concentration de bas-marais alcalins au sein de la zone continentale pour la Belgique. Ces zones abritent les dernières populations de Wallonie de plantes vasculaires, carex et bryophytes typiques de ces milieux alcalins tels Carex flava, Carex lasiocarpa, Carex lepidocarpa, Carex panicea, Carex pulicaris, Dactylorhiza incarnata, Epipactis palustris, Eriophorum latifolium, Hamatocaulis vernicosus, Palustriella commutata, Parnassia palustris, Pedicularis palustris, Scorpidium cossonii, Scorpidium scorpioides, Tomentypnum nitens.
De nombreuses populations d’espèces animales d’intérêts communautaires sont également présentes. Nous noterons par exemple des oiseaux nicheurs dont les densités sont remarquables à l'échelle régionale comme la Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio), les Milans royaux et noirs (Milvus milvus et Milvius migans), le Pic mar (Dendrocopos medius), des oiseaux nicheurs rares comme le Phragmite des joncs (Acrocephalus schoenobaenus), des oiseaux hivernants et/ou migrateurs comme les Bécassines des marais et sourdes (Gallinago gallinago et Lymnocryptes minimus), la Grande aigrette (Egretta alba), le Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus).
L’herpétofaune comprend des populations relictuelles de Triton crêté (Triturus cristatus) ainsi que les plus importantes populations de Lézard des souches (Lacerta agilis) de Wallonie.
En ce qui concerne les invertébrés, signalons les papillons Cuivré de la bistorte (Lycaena helle), le Grand cuivré des marais (Lycaena dispar) et le Nacré de la canneberge (Boloria aquilonaris). Le Maillot de Des Moulins (Vertigo moulinsiana) est présent également.
Les tourbières basses alcalines de la haute-Semois abritent de nombreuses populations d’espèces animales d’intérêt communautaire mais également les dernières populations de Wallonie de plantes vasculaires, carex et bryophytes typiques de ces milieux alcalins.
Malheureusement, depuis les années 1980, on observe une chute drastique des espèces typiques de bas-marais alcalins en Lorraine. Beaucoup d’espèces typiques ont donc disparu et les populations de certaines espèces se trouvent au bord de l’extinction vu le nombre très faible des populations et d’individus restants. La majorité des sites tourbeux en Lorraine sont principalement affectés par l’assèchement superficiel et la minéralisation de la tourbe résultant de son exploitation et surtout du drainage. L’urbanisation des alentours des marais de la Haute Semois est aussi une menace qui s’amplifie tout comme l’eutrophisation des sites. Enfin, l’abandon des anciennes activités agro-pastorales qui ont créé puis maintenu les milieux semi-naturels induit des changements de végétations (reboisement spontané, banalisation de la composition floristique, etc.).
Le présent projet concentrera donc ses actions en Lorraine belge sur ces deux sites Natura 2000 qui contiennent encore la majeure partie des espèces typiques de bas-marais alcalins. L’objectif est d’entamer des études et des restaurations hydrologiques encore jamais entreprises, acquérir des parcelles pour augmenter les surfaces de réserves naturelles, restaurer et améliorer l’état de conservation de plus de 45 ha d’habitats d’intérêt communautaire.
Sur ce site, le LIFE Anthropofens prévoit spécifiquement de restaurer :
Pour atteindre ces objectifs, Natagora prévoit de réaliser les opérations suivantes :
Ces opérations seront complétées par des suivis scientifiques de la végétation, d’espèces indicatrices de l’état des écosystèmes et de contribution des actions aux cycles de l’eau, du carbone et à la pollinisation.
BE34056 - Bassin de la Semois de Etalle à Tintigny : http://biodiversite.wallonie.be/fr/be34056-bassin-de-la-semois-de-etalle-a-tintigny.html?IDD=402653886&IDC=2892
BE340057 - Marais de la Haute-Semois et bois de Heinsch : http://biodiversite.wallonie.be/fr/be34057-marais-de-la-haute-semois-et-bois-de-heinsch.html?IDD=402653901&IDC=2892