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La 2e phase des travaux de restauration des tourbières à Morcourt vient de prendre fin. Durant l’automne-hiver 2023-2024 ce sont près de 3 ha qui ont été restaurés par l’entreprise Environnement-Forêt : déboisement, décapage, neutralisation de drain, fascinage, pose d’ouvrages hydrauliques, etc.

Une restauration efficace des habitats typiques de tourbières alcalines ne pourra être un succès qu’avec un rétablissement de leur fonctionnement hydrologique. Ce dernier a en effet été altéré par de nombreuses activités humaines, comme l’exploitation de la tourbe et l’assèchement des tourbières.

Quatre mois de gros travaux ont permis de restaurer un peu plus de 2 hectares sur la RNN de la Tourbière alcaline de Marchiennes. Grâce à d'importants financements de l'Union européenne dans le cadre du programme LIFE Anthropofens et de l'Agence de L'eau Artois Picardie, des parcelles de cette Réserve naturelle nationale ont pu être déboisées et réouvertes à la lumière pour que s'y développent des habitats favorables notamment à plusieurs espèces d'oiseaux nicheurs et d'amphibiens.

Cet été, des désenvasements de fond d’étang, où la présence de sources est attestée, ont eu lieu dans les marais de Sacy (60) et à Blangy-Tronville (80). Le retour d’eau de source dans les marais, ainsi que la réduction de leur drainage par pose de seuils et bouchage de drains, permettra de conserver une eau alcaline dans les habitats restaurés par le LIFE Anthropofens à proximité de ces étangs.

Ainsi, un engorgement suffisant et une meilleure qualité d’eau permettront, si tout va bien, un retour à des habitats de bas-marais alcalins.

Le Choin noirâtre, de la famille des Cypéracées, est une espèce protégée dans l’ex-région Nord-Pas-de-Calais. C’est une espèce dont les effectifs sont en régression, classée comme étant « quasi-menacée » sur la Liste rouge de la flore menacée des Hauts-de-France.

Elle a régressé en raison de la dégradation et de la perte de ses habitats, que sont les marais tourbeux. Il existe encore des populations dynamiques et dans un état de conservation satisfaisant dans quelques marais de plaine et dans les systèmes tourbeux arrière-littoraux de la moitié sud de la région.

Le projet européen LIFE Anthropofens a pour objectif la restauration de 480 hectares de tourbières répartis sur 13 sites du réseau Natura 2000 en France et en Belgique. Ce projet est l’occasion de sensibiliser sur ces écosystèmes qui procurent de nombreux services, dits services écologiques ou services écosystémiques.

La Fougère à crête (Dryopteris cristata), espèce rarissime en France, est inscrite sur la liste rouge nationale. Elle est considérée comme « très rare » et « en danger » en région Haut-de-France, néanmoins elle trouve refuge en plusieurs stations de la vallée de la Somme.

Les tourbières alcalines des vallées de la Somme et de l’Avre (reconnue zone RAMSAR depuis 2017) hébergent sans doute les plus belles populations de Dryopteris cristata des Hauts-de-France.

Les tourbières sont des écosystèmes exceptionnels. En bon état, elles sont de formidables atouts pour lutter contre le changement climatique. Restaurer leur fonctionnement actuellement dégradé, en y maintenant des niveaux d'eau suffisants, est une condition essentielle pour permettre le stockage du carbone sur long terme.

Afin de comprendre les relations entre les tourbières et le changement climatique, le Conservatoire d’espaces naturels des Hauts-de-France, le Département de la Somme, le Conservatoire botanique national de Bailleul et l’Université Picardie Jules Verne ont, aux côtés du Cerdd, apporté leur expertise dans le cadre du Climatour en mai dernier sur deux sites naturels au cœur de la vallée de la Somme.

Le Conservatoire d’espaces naturels des Hauts-de-France, la Fédération des Conservatoire d’espaces naturels et Natagora ont représenté le programme LIFE Anthropofens à Anvers pour l’un des plus grands événements jamais organisé en Europe sur les tourbières, avec plus de 500 participants, du monde entier.